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Draft Synodical Document

Πέμπτη 23 Ιουνίου 2016

LES DIASPORAS, NOUVEAU SOUFFLE POUR L’ORTHODOXIE


 Samuel Lieven, à Kolymbari (Crète), La-Croix
Le concile orthodoxe réuni en Crète jusqu’au samedi 25 juin doit trancher sur le statut des diasporas présentes dans le monde entier.
Bien que minoritaires, ces dernières constituent des relais politiques et économiques vitaux pour leurs Églises, auxquelles elles fournissent de plus en plus de cadres et d’évêques.

En votant, mercredi 22 juin, le texte sur la diaspora, l’un des cinq inscrits à son ordre du jour au terme d’un demi-siècle de préparation, le concile orthodoxe actuellement réuni en Crète se penche sur l’un des plus épineux problèmes du monde orthodoxe. Quel statut conférer aux communautés présentes à l’étranger du fait de leur histoire et des mouvements migratoires ?

« Ethnophilétisme »

« La question est d’autant plus cruciale que les diasporas sont aujourd’hui l’espace où les relations interorthodoxes se concrétisent le mieux, souligne le P. Nicolas Kazarian, expert auprès du Patriarcat de Constantinople et prêtre à Philadelphie (États-Unis). En outre, de plus en plus d’évêques en sont issus, ce qui entraîne un glissement du centre de gravité de l’Orient vers la diaspora. »
Tant que la juridiction des Églises autocéphales – indépendance totale en langage orthodoxe – s’exerçait sur le territoire d’un seul pays (l’Église roumaine en Roumanie, l’Église serbe en Serbie, etc.), la question ne se posait pas. Mais avec les mouvements migratoires du XXe siècle, la plupart des Églises autocéphales comptent des « diasporas » – un terme emprunté au judaïsme – sur les cinq continents.
« Ces Églises exercent dès lors leur juridiction au-delà de leurs frontières d’origine sur une base nationale ou ethnique », explique le P. Gregorios Papathomas, professeur de théologie à l’université d’Athènes et à l’institut Saint-Serge à Paris. Outre l’empilement des juridictions (en France, par exemple, on compte pas moins de douze évêques à la tête des différentes communautés), cette pratique contredit une ecclésiologie orthodoxe fondée sur l’Eucharistie et l’Église locale. La tendance fâcheuse à grillager les Églises dans des ghettos ethniques ou nationaux a même été officiellement condamnée en 1872 comme une hérésie, l’« ethnophilétisme ».

Les diasporas, relais des Églises mères

Quelle solution envisager dès lors pour permettre à ces communautés de vivre et de se développer, au lieu de se replier sur elles-mêmes ? L’idéal serait de les regrouper sous l’autorité d’un seul évêque indépendant. Toutefois, estimant que la situation n’est pas encore mûre pour que les diasporas puissent accéder à l’autonomie, le concile a entériné la solution provisoire sur la table depuis plusieurs années : la création d’assemblées épiscopales dans les pays concernés afin d’y regrouper les orthodoxes, favoriser leur coopération et encourager l’unité.
Un tel dispositif existe déjà en France depuis 1975 et porte, depuis 1993, le nom d’assemblée des évêques orthodoxes (AEOF). Elle est aujourd’hui présidée par le métropolite Emmanuel. La plupart des pays d’Europe et d’Amérique du Nord ont suivi cette voie.
Mais comme toujours dans l’orthodoxie, la géopolitique entre aussi en ligne de compte. Les diasporas représentent le plus souvent pour les Églises mères des relais politiques et économiques de premier plan, notamment en Europe, aux États-Unis et en Australie. Les patriarcats de Constantinople et d’Antioche y puisent l’essentiel de leurs ressources financières.
Quant à Moscou, elle s’en sert comme de véritables ambassades pour asseoir son influence. En témoigne la récupération, ces dernières années, de la plupart des Églises russes hors frontières qui étaient passées sous la juridiction de Constantinople à l’époque soviétique. Ou encore la construction d’une cathédrale flanquée d’un centre culturel à Paris, au pied de la Tour Eiffel, un des endroits les plus visités au monde.
« Nous assistons à un tournant des mentalités, considère le P. Gregorios Papathoas. Pourquoi maintenir ce rempart géopolitique et ecclésiastique à l’heure où l’Union européenne et la mondialisation consacrent les échanges et la libre circulation des personnes ? Il est temps pour l’orthodoxie de renoncer à l’étatisme du XIXe siècle… De ce point de vue, le concile devra apporter des réponses. »