Dans les rues d’Héraklion, la capitale de
la Crète, il suscite presque autant d’enthousiasme que les stars de
l’Euro 2016. À 85 ans, Anastasios, archevêque de Tirana et de toute
l’Albanie, est auréolé d’un prestige moral et intellectuel sans égal
parmi les quelque 200 métropolites et évêques présents au concile. Sa
popularité est telle qu’en 2015, le premier ministre grec Alexis Tsipras
lui avait proposé d’assumer la présidence de la Grèce, ce que
l’intéressé déclina poliment.
Fort de sa double expérience africaine et albanaise
Théologien
et historien de haut vol né à Athènes, formé dans les universités
grecques et allemandes avant de sillonner l’Afrique comme chercheur,
prêtre missionnaire puis évêque, Anastasios est envoyé dès 1991 en
Albanie avec pour mission de relever du néant cette petite Église
exterminée par l’un des régimes communistes les plus sanguinaires de la
planète.
Devenu primat d’Albanie, il rouvre plus de 400 paroisses
désaffectées, construit des dizaines d’églises, ouvre des établissements
d’enseignement supérieur, développe la présence de l’Église dans la
santé, l’éducation, le monde rural…
Fort de sa double expérience
africaine et albanaise, où l’Église orthodoxe représente une minorité
dans un contexte pluri-religieux, Anastasios est l’un des seuls primats
aujourd’hui capables de penser la mission orthodoxe au XXIe siècle.
Son crédit auprès de ses pairs et son charisme prophétique
suffiront-ils à bousculer un ordre du jour verrouillé par des décennies
d’âpres discussions ? L’Esprit, dit-on en Orient comme en Occident,
souffle où il veut.