Samuel Lieven, la-croix
Bartholomeos Ier, patriarche œcuménique de Constantinople. / Photo A. Giuliani/CPP/Ciric
À 76 ans, cette figure majeure du
christianisme oriental joue son va-tout avec ce qui aurait bien pu
entrer dans l’histoire comme le premier concile réunissant toutes les
Églises autocéphales depuis le schisme de 1054 avec Rome.
Ce sommet panorthodoxe, voulu dès 1961 par son prédécesseur Athénagoras, Bartholomeos Ier
de Constantinople y travaille d’arrache-pied depuis son élection sur le
siège de l’apôtre André en 1991. D’aucuns l’auraient bien vu jeter
l’éponge après les volte-face de dernière minute des Églises de
Bulgarie, de Géorgie, d’Antioche, mais surtout de la grande rivale russe
qui lui dispute sa primauté d’honneur sur l’orthodoxie mondiale.
C’était bien mal connaître le tempérament de Bartholomeos.
> Re (lire) : 4 clés pour comprendre le grand concile panorthodoxe
Patriarche
œcuménique, et à ce titre numéro deux de la chrétienté mondiale, cet
intellectuel polyglotte, formé dans les universités européennes, n’en
est pas moins captif des autorités turques dans son palais d’Istanbul,
mégapole musulmane à cheval sur l’Europe et l’Asie, où ne demeure plus
qu’une poignée de grecs-orthodoxes.
Sa situation historiquement
précaire, le « patriarche vert » – reconnu dans le monde entier pour son
engagement en faveur de l’écologie – l’a convertie en un atout majeur :
son opiniâtreté à négocier afin de rassembler l’orthodoxie et envoyer
au monde un signal d’unité de la foi. Même avec dix Églises sur les
quatorze conviées, Bartholomeos a fait savoir que les décisions du
concile de Crète engageraient malgré tout l’ensemble des Églises
orthodoxes. N’en déplaise aux (grands) absents.